samedi 11 septembre 2010

Mercredi 4 aout

Ça sent la fin. Je passe la matinée à écrire les jours de retard dans mon carnet de route (histoire d'avoir enfin la conscience en paix), et à faire mon sac. Ce qui me prend des plombes, vu que j'ai éparpillé l'intégralité de son contenu dans la chambre. Je planque mes tamarindos tout au fond, en espérant que les douaniers ne fouillent pas. Je trie mes chaussettes, des plus sales au moins sales, un peu honteuse mais avec trois paires, ça devait arriver. Je cale mes livres tant bien que mal. Je repartirai avec Cent ans de solitude et un dictionnaire de l'espagnol familier offert par Lynn.
Je fais mes adieux à Cathie, Lynn, lui, fait la sieste et je n'ose pas le réveiller. C'était une chance de pendue de pouvoir les rencontrer. Lynn et Cathie ont pris part aux grandes causes de leur époque, en soutenant les Sandinistes, en dénonçant les crimes commis par Reagan et son gouvernement. Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre d'anciens communistes étasuniens, dans un pays où seul le mot semble tabou. Ils ont soutenu les Zapatistes au début du mouvement, en apportant clandestinement des médicaments aux villages isolés. Le tout avec beaucoup de détachement, comme il se doit, sans prendre la politique très au sérieux.
Dans le bus, je revois le joueur de jarana à qui j'avais parlé hier. Il joue divinement, tâchant de couvrir le bruit assourdissant du bus. Gabriel me parle de son groupe de musiciens de Veracruz et de leurs projets, et je crois que je pourrais les mettre en contact avec quelques personnes qui seraient intéressantes pour lui. C'est fou de se dire que moi, l'étrangère, je peux maintenant filer des tuyaux aux habitants.
Quand j'arrive à la Casa, il y a foule. Un, deux, trois...Six garçons taciturnes ! Je me surprends à ne pas trouver la force de leur parler. Il faut dire que chaque tentative se solde par un soupir ou un haussement d'épaules, car je ne comprends pas un mot de ce qu'ils racontent. Ce doit être l'accent de Veracruz mélangé à l'accent rural mélangé à l'accent jeune qui donnent une pâte verbale inarticulée qui ressemble plus à du tchèque sans les consonnes qu'à une langue connue. Alors, je hoche la tête en faisant : hmm hmm, et en espérant qu'ils n'aient pas posé une question.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire