lundi 13 septembre 2010

Vendredi 6 août

Ce jour, ça fait un bout de temps que j'y pense. Synonyme de retour, d'accomplissement, de départ aussi. Mélange confus de joie et de tristesse.
Je suis partie tôt avec rien dans le ventre, Tomas, le colocataire de Chip, m'a accompagnée à l'aéroport. Dormi deux heures, incapable de fermer les yeux, pliée en douze dans le canapé mou comme un gâteau à la crème. Depuis, je suis comme un zombie. Rien dans la tête, rien dans les pattes, au radar.
Je suis à Los Angeles, et j'observe avec dégout le spectacle de ces quatre adolescents français qui doivent avoir mon âge, bronzés, vautrés sur les fauteuils et d'une négligence vestimentaire très cultivée, Ray-Bans et mèches copiées-collées, enchainant les vacuités entrecoupées de « ouais, grave, tsé. » Chacun ici se conduit, ou plutôt ne se conduit pas, avec un égoïsme fini, comme cette Californienne qui passe coup de fil sur coup de fil à tous ses amis, comme ces gens qui font déjà la queue pour monter dans l'avion avant tout le monde, et chacun pue la prétention, avec son chapeau savamment incliné, ses petits jeux pour l'avion, ses sacs assortis, ses magazines people. Tijuana va vraiment me manquer.
Maintenant, c'est un nouveau grand défi qui s'offre à moi : trouver comment partager toutes mes découvertes. Parce que si je ne partage pas ce que j'ai appris, à quoi servira ce voyage ? J'ai la conviction que, si je ne peux pas trouver seule des pistes pour traiter le problème de la frontière, ce que j'ai appris nous sera tout de même utile. Ne serait-ce que pour prendre exemple sur ces héros qui vivent de l'autre côté de la ligne Nord-Sud, nous remettre en question, peut-être prendre la décision de vivre plus modestement. Je crois que l'une des choses les plus importantes que j'ai apprises à Tijuana, c'est d'abord le sens de l'hospitalité, mais aussi à être attentive aux autres. C'est quelque chose dont la société française, par exemple, me semble avoir besoin. Je ne peux surement pas changer le monde seule, mais je peux décider, pour commencer, de changer mon entourage.
J'aimerais pour terminer remercier de tout mon cœur tous ceux qui travaillent et ont travaillé à l'élaboration de Zellidja. Tous vos effort nous permettent de cultiver en nous, et de ramener avec nous, ce qui est le plus précieux. Et surtout, vous nous offrez de le partager.

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