mercredi 8 septembre 2010

Dimanche 1er août

Aujourd'hui, j'ai cours de tortillas avec Doña Hilda. Elle m'apprend à faire la pâte avec de la farine, un kilo, de la graisse fondue, de la levure, et laisser bien reposer, pour que la pâte ait la consistance voulue, « comme du chewing-gum », ajoute Don Berna qui passe par là, mais Doña Hilda le fait taire. Puis, étaler au rouleau, pour qu'elles soient bien fines et légères, et Doña Hilda fait courir les tortillas entre ses mains avec beaucoup d'art. Les miennes collent à la table, sont pleines de trous, et se déchirent quand je les soulève pour les faire cuire. Doña Hilda me conseille, et je me console en voyant qu'avec un peu de fromage, ça fait des quesadillas délicieuses.
L'après-midi, je dois rejoindre Mago chez Tonia pour l'interviewer. La maison de Tonia est située à une bonne heure de bus du centre. Je peux voir toutes les colonias de l'est de la ville, y compris Chilpancingo, l'une des plus pauvres, faite de maisons en carton et en contreplaqué. Les maquilas aux alentours déversent sans vergogne leurs saloperies chimiques dans le Rio Tijuana qui traverse la colonia, empoisonnant les ouvriers et leurs familles. On dirait qu'il y a un incendie dans le quartier, et une quinzaine de voitures de la police surgissent, sirènes hurlantes, en direction de la fumée noire.
[...]
J'accompagne Tonia qui va promener ses chiens jusqu'à cette espèce de terrain vague entouré de routes. Sous les lignes à haute tension qui gresillent furieusement, elle me parle de sa vie, de ses difficultés financières, car son mari n'a pas trouvé de travail depuis qu'il a été renvoyé par la maquiladora qui l'employait. Le ciel, encore une fois, a décidé d'être beau ce soir et porte ses plus belles parures de nuages, les plus petits, les plus blancs, les plus délicats, et le soleil illumine les montagnes et les maisons d'une lumière orange brûlante. Tout à coup, une sorte d'étoile filante bleu électrique traverse l'air et se dissout à mi-chemin – nous ne saurons pas ce que c'est. Peut-être une petite fantaisie du ciel pour ajouter au sublime, ou bien un nouveau phénomène louche venus des maquiladoras, qui sait.

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