vendredi 27 août 2010

Vendredi 16 juillet

David, Uriel et moi partons aux aurores pour Mexicali, capitale de la Basse-Californie, implantée sur la frontière, au beau milieu du désert. C'est bon de tailler la route. Il y a quelque chose d'exaltant dans la vision de ces lignes blanches qui défilent, de ces panneaux jaunes inconnus, du soleil qui tabasse le bitume, de l'horizon qui se dévoile. Des paysages étrangers s'offrent à mes yeux. Le désert, qui change sans relâche, végétation exubérante aux étendues de sable lisse, un mont aux courbes aguicheuses se profile au loin. Des rochers qui ressemblent à des œufs monumentaux parsèment les collines. Puis, au détour d'un virage dangereux, c'est l'hallucination. Une montagne de ces rochers. Extraterrestre, nous sommes sur Mars ou bien quelqu'un a mis du LSD dans mes frijoles ce matin.
Au fil de la route, nous nous rapprochons parfois de la frontière, et l'apercevons qui coupe d'une vulgaire ligne droite les massifs de la Rumorosa.
Nous arrivons à Mexicali à dix heures du matin, déjà cinquante degrés à l'ombre. Encore, c'est presque supportable, mais il y a ce vent – le vent brulant, littéralement, qui semble rôtir ta peau en une seconde. Je sens mes joues fondre. Une expérience intéressante.
Nous entrons dans l'Albergue del Desierto, un foyer pour hommes, femmes et familles déportés. Une interview super, avec la coordinatrice du lieu. Elle aime son boulot, ça se voit. David lui demande pour finir ce qu'elle ferait si elle pouvait réformer la politique migratoire. « Si j'avais ce genre de pouvoir, j'abolirais les frontières. On n'en a pas besoin. »
[...]
Aujourd'hui, j'ai appris beaucoup de choses. J'ai appris que les mineurs étaient souvent détenus dans des prisons, faute de structures adaptées, et non pas traités comme des migrants mais comme des criminels. Que la migra leur donnait intentionnellement des sandwichs périmés, qu'ils faisaient en sorte de régler la climatisation au maximum pour les frigorifier, qu'ils les assoiffaient, humiliaient avec toutes les ressources possibles, ceci afin de les dissuader de réessayer de passer.

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