jeudi 19 août 2010

Mercredi 7 juillet

Un extrait quotidien du journal de route que j'ai tenu tout ce mois pour Zellidja.

C'est Don Bernabé qui nous emmène en clando à la Casa de la Cultura, il n'a pas le droit d'utiliser la voiture de la YMCA. Don Berna est tout petit, tout rond, il atteint à peine les pédales de la grande bagnole de la Casa. Nous roulons à travers la nuit tijuanense, Avenida Revolucion, Avenida Constitucion, néons et enseignes de motels qui clignotent, vendeurs de nuit, routes défoncées. Don Berna nous raconte, généreusement et humblement, ses souvenirs de la Tijuana de son enfance. Il a toujours l'air si triste, comme un air de résignation dans son regard, qui vient peut-être du fait qu'il n'a pas pu étudier. Don Berna s'assure que Mayte a son carnet pour prendre quelques notes de la conférence, et il veille à ce qu'elle profite de l'opportunité qui lui est offerte de faire des études. Ici, la télé est toujours allumée. Se succèdent à l'écran retransmissions des matchs de la coupe du monde, émissions qui donnent à voir les danses sauvages des peuplades d'Afrique du Sud, ambiance zoo / Joséphine Baker garantie, telenovelas tellement pourries que c'est une honte d'occuper l'antenne pour ces âneries. Jamais vu une telle concentration de clichés, les pires lieux communs du feuilleton crétino-romantique réunis dans un mélange détonant de mimiques d'abruti(e)s, secouement de franges, mouvance de mèches, ricanements ridicules. Ce qui est étonnant, c'est que toutes les présentatrices, tous les acteurs des telenovelas et les figurants des pubs sont blancs comme neige, blonds platines, Etasuniens, quoi. Scandaleux. Et j'allais oublier... Mon premier tremblement de terre ! Temblor de bienvenue... J'étais dans la salle de jeux à l'étage, et je pensais vraiment que le bâtiment oscillait à cause de la proximité de la route. Brenda m'appelle, morte de rire – tout le monde hilare dans la cour.

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