jeudi 19 août 2010

Jeudi 8 juillet

Sur le chemin du retour, un type armé jusqu'aux dents, avec cagoule et gilet pare-balles, entre dans une cour, le doigt sur la gâchette. Quelques mètres plus loin, ses acolytes encerclent la maison à grand renfort de gyrophares et de gros calibres. Les automobilistes circulent comme si de rien n'était – et nous aussi. Un jour comme les autres à Tijuana.
Nouvel arrivage de jeunes à la Casa aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est le défilé continuel. Je ne comprends rien à ce qu'ils disent, ils parlent vite, mangent leurs mots. Quel dommage. J'espère vraiment m'améliorer. On se réunit dans la salle du haut, on dessine, j'enseigne la perspective à l'un des garçons qui se dit féru de dessin. Petite discussion en solo avec Erwin sur son expérience de la frontière, c'est la deuxième fois qu'il essaie de passer et qu'il se retrouve à la Casa. On lit l'espérance dans ses yeux, et pour cause : ses deux parents sont à Los Angeles. D'après le peu que j'ai compris, il s'est trompé en répondant à l'une des questions du service d'immigration à son arrivée, c'est comme ça qu'ils l'ont repéré. Erwin compte évidemment réitérer ses tentatives. Pourvu qu'il y arrive et qu'il puisse retrouver sa famille. Une joie incroyable émane de ce garçon de seize ans qui demande juste à retrouver ses parents de l'autre côté de cette immense ligne de fer, de barbelés, de rouille, de fusils et de larmes qui entaille le continent. Buena suerte, Erwin...

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