mardi 24 août 2010

Mardi 13 juillet

On se fait un peu jeter avec Mayte pour ne pas s'être levées à sept heures trente. «La prochaine fois, vous n'aurez pas de petit déjeuner ! » - ça ne rigole pas avec les horaires, ici. On va aider Martin, le chauffeur, à faire les courses. J'ai besoin de rasoirs, je leur demande donc où on peut acheter des alfileres – air perplexe. Mayte : « Mais qu'est-ce que tu vas faire avec ça? » Je lui mime discretos le geste de se raser. Ça a l'air d'une denrée rare, ici, les rasoirs. Martin me dit qu'il sait où en trouver. Il m'emmène dans un magasin, mais on y vend des tissus ! « Tu vas faire quoi avec, recoudre des vêtements ? » me demande Mayte. Hein ? Ça y est ! Je comprends tout ! Bravo au passage aux hispanophones qui doivent bien se marrer – alfileres, c'est des épingles. Pour ma gouverne, rasoir se dit rasurador. Martin me montre le rayon : « elles sont là, tes épingles ! »
Avec Mayte, nous allons à la frontière pour discuter avec des gens qui y travaillent. Nous marchons jusqu'au point de passage, la linea. Mayte est impressionnante : elle engage directement la conversation avec une dame qui vend des chewing-gums sur le trottoir. Je fais son portrait, laborieusement, elle est très belle avec de longs cils et des petits plis au coin des yeux. Puis, nous offrons un petit truc à boire à Margarito, un violoniste qui joue le long de la ligne de ceux qui attendent de passer aux USA. Il joue un peu, chante, alterne, sur son vieux violon qu'il doit ré-accorder à la fin de chaque chanson. On s'installe à l'écart du passage, Mayte discute et moi je dessine, on forme une bonne équipe. Des habitants, des passants, des travailleurs s'arrêtent, s'étonnent des portraits, quelques discussions, des compliments, et c'est fou, plein de gens commencent à s'asseoir et à attendre leur tour pour se faire tirer le portrait. Un habitant, puis sa maman qui veut voir à quoi elle ressemble en dessin, des amis desdits habitants... Un garçon vient me dire que la vendeuse de chocolats voudrait que je la dessine et que je lui offre le portrait – contre un chocolat, alors ! Pas de nouvelles, dommage !
On rentre dans l'après-midi, je suis épuisée et heureuse. Nous jouons avec Adibal, un jeune qui vient d'arriver et qui a l'air timide et éprouvé – mais quand il sourit, c'est tout le bonheur accumulé d'une vie, et tout son amour pour son Colima natal, et toute la nostalgie qu'il porte en lui qui semblent se concentrer dans ses yeux.

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