dimanche 29 août 2010

Lundi 19 juillet

Aujourd'hui commence un programme qui s'appelle « Mano a mano sin fronteras » : des jeunes de la YMCA originaires du Canada, des États-Unis et du Mexique viennent passer trois jours à Tijuana. Tanya est ici pour aider à coordonner le programme, d'où une attitude de cheftaine de troupe, classeur et stylo en main. Je me lève tôt pour travailler et faire mes adieux à Jonatan. Uriel arrive, et tous les trois, avec Tanya, nous allons chercher deux jeunes filles qui arrivent à l'aéroport depuis le Morelos : Edith et Angelica. On arrive à la Casa et nous finissons les frijoles pour le petit dej' tout en discutant.
[...]
Brenda me dit que j'ai cinq minutes pour faire mes bagages car Uriel a décidé que j'irais dormir à l'hôtel avec tous les jeunes qui arrivent. Qu'il en soit ainsi. « Cool ! Gaby, tu viens avec nous ! », se réjouit Angelica. On y va, et, oh non, non, c'est un palace, Palacio Azteca – aimant à touristes à plein nez- avec sol en marbre, ascenseurs, tapis, lustres, piscine, gymnase, cartes magnétiques pour la porte... Et je dors avec Tanya. Nous déjeunons tous ensemble, et je me demande bien ce que je fous ici, au milieu de tous ces gens habillés en fringues de marque et bien coiffés, qui parlent de leur école, de politique, d'économie, qui se disputent pour savoir si on peut dire American pour « citoyen des États-Unis » et qui en concluent que oui, qui parlent de leur ville et de leur vie et que mangent des burritos, des enchiladas avec leurs couverts et leur assiette immaculée de trois mètres carrés, et Tanya qui minaude en face de moi : « everything tastes better wrapped in a tortilla », en piquant un bout de tortilla et un bout de salade avec sa fourchette. Putain non, pas ça. Tout le monde se retrouve à discuter de son petit égocentrisme autour de la piscine, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et puis ils se dispersent, malpolis, sans rien dire, je me retrouve seule dans cet hôtel de honte alors je sors d'ici presque en courant, marcher dans le bruit, la saleté, la vie, le soleil, avec mes baskets crades, acheter du beurre et du chocolat pour faire un gâteau car mercredi c'est l'anniversaire d'Angelica, et puis je vais à la Casa qui n'est pas loin, je vide mon sac pour Doña Hilda et lui raconte la tortilla et la fourchette, elle sait déjà très bien comment ça se passe. Comme on est mieux ici, avec cet orange criard et ces ventilos et ces chaises en plastique et Don Berna et Doña Hilda, qui me dit que quand Tanya vient, elle ne parle pas, ne mange pas, ne sort pas. Ici, on est à la maison, et on est prié de manger ses flautas, ses burritos et ses tortillas avec les mains et de se lécher les mains après. Et de rester discuter et se marrer avec tout le monde autour de quelque chose de chaud.

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