mardi 7 septembre 2010

Samedi 31 juillet

Nous traversons la rue, et allons attendre le début du set de Pepe Mogt, qui est membre de Nortec et va être DJ ce soir. « Ses concerts commencent toujours à point d'heure... », dit Julio, et il est déjà minuit. Pepe Mogt sirote sa bière derrière le comptoir, entouré d'une foule d'admirateurs, en attendant de commencer. Il se met aux platines et fait retentir un mélange explosif de vieux tubes des années quatre vingts, mixés, revus et corrigés. Personne ne danse, sauf Julio, qui sautille et agite les bras d'un bout à l'autre du comptoir, en essayant d'attirer ses amis avec lui. Je dois être une drôle de compagnie. Je remplis page après page après page de croquis de la foule, en rythme. Quand nous partons, je montre a Pepe un dessin que j'ai fait de lui – il est irrésistiblement facile à croquer : une paire de lunettes monumentale, et un grand nez fin qui sépare ses cheveux coupés au carré. Il se marre, et me demande de lui en envoyer un scan.
Julio me ramène jusqu'à Playas, et nous avons cette discussion passionnante et interminable, vautrés dans son pickup. Il me parle de sa conception de la photographie, et moi de mon idée du dessin. D'ailleurs, je commence à me dire que la photo est peut-être plus appropriée à Tijuana. C'est une ville qui va vite, il y a dans Tijuana une instantanéité que le dessin ne peut pas capturer. Je trouve que mes aquarelles manquent de vie – Julio n'est pas d'accord. Selon lui, j'ai réussi à capturer l'essence de Tijuana, et venant à la fois d'un artiste amoureux de la ville et d'un natif de Tijuana, c'est un compliment qui a beaucoup de valeur. Nous en venons à parler de voyages, du fait d'être étranger, il me parle de son séjour dans un coin paumé d'Allemagne où il s'installait dans la rue principale du village et jouait des chansons traditionnelles à la guitare. Hilarant. Je lui parle de mon horreur absolue du téléphone, cette fois c'est lui qui s'étouffe de rire. Et puis nous en arrivons à discuter de religion et c'est très beau d'entendre Julio parler de sa manière de vivre, dire à quel point chaque chose pour lui est un cadeau qu'il faut accepter en remerciant. Il montre ces vagues, le lampadaire, les escaliers, le trottoir défoncé et les murs lézardés et dit waow, et c'est vrai, waow.
Je rentre à la maison à cinq heures du matin, en ayant un peu peur de croiser Lynn, car c'est l'heure à laquelle il se lève.

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